Kaleidos · La parole à l’image

est une agence d’images.
L’idée a vu le jour en 1993 et nous existons, sous une forme ou autre, depuis 1997.

Et puis il y a la vie

Kaleidos · la parole à l’image · l’histoire

C’était le 24 août 1993. 16:30.
J’avais rendez-vous avec Hervé Merliac1.

Chacun d’entre nous avait envie d’utiliser ses photos autrement. Hervé avait l’impression que la quantité d’image qu’il avait faites depuis toutes ces années n’était pas exploitée correctement et il avait envie de commencer des reportages qui l’intéressaient d’avantage que les commandes éventuelles. Pour ma part j’avais envie de faire plus que les photos commerciales, industrielles ou de catalogue que je faisais jusqu’alors.

L’agence devait s’appeler Alyas et avait pour vocation de fournir

    • des sujets déjà préparés ou faits
    • des images d’illustration
    • de la production d’images ou reportages
    • de la production de photos de catalogue
    • de la création de catalogues et livres
    • production de books de mannequins ou d’artistes

Par ailleurs on avait envie de faire des cartes postales et des posters à partir des nos photographies. Proposer des tirages en éditions limitée pour les collectionneurs…

Bref. On voulait faire une boîte à images pour pouvoir proposer nos photos et celles faites par nos amis et collègues sous toutes les formes possibles à un éventail de clients qui allait de la personne privée à l’entreprise de média ou de publicité.

On était déjà les rois du pétrole.

Puis il y a la vie

J’ai pris un travail à Jeddah en Arabie-saoudite et j’ai passé mes clients parisiens à Hervé. Puis on s’est perdus de vue quelque temps.

Entre temps le Photo CD2, inventé par Kodak en 1991, commençait à être testé et j’ai pu numériser quelques unes de mes photos lors de mon séjour en Arabie.

J’avais déjà une adresse mail Compuserve3 depuis 1989 et je me baladais sur des BBS4 divers et variés. L’idée d’une banque d’images « en ligne » m’est très vite venue. Nous étions en 1995.

Puis il y a la vie

J’ai changé complètement de trajectoire. Mon séjour en Arabie m’avait progressivement dévié de ma créativité et de la photographie. Séparations, puis une nouvelle rencontre m’ont rapidement remis les pendules à l’heure. Retour en France. J’ai repris mes boitiers et le projet de banque d’images. Le WWW5 commençait sa percée…

Puis il y a la vie

Les choses devenait rapidement limpide pour moi. J’étais loin, au niveau technologique, en 1996, de pouvoir réaliser ce que j’avais envisagé comme projet. Retour donc à la case départ, j’ai commencé en traditionnel. Mes amis photographes6 commençaient à s’intéresser au projet, qui s’appelait Kaleidos maintenant. Et c’était devenu une association, une vraie. De 1901.

Arrivent Philippe Guéry, Désirée Sadek et surtout Laurent Abad qui contribuent au fond photographique.

J’ai développé un logiciel de gestion d’images qui classait les photos, attribuait un numéro de série, gérait les légendes et les mots clef – le tout en trois langues. J’ai fait un book classique et des planches de diapos avec quelques unes de nos meilleurs photos, puis, hop ! J’ai fait la tournée des magazines et des éditions pour nous promouvoir. Et nous avons eu quelques publications !

Puis il y a la vie

Divorce, déprime, maladie. Puis déménagements, mariage et écriture. Je me suis retrouvé à Perpignan et je commençais à m’intéresser à des sujets qui demandaient un engagement à long terme. Je nommerai ici les réfugiés palestiniens et spécifiquement ceux du camp de Chatila au Liban. À vingt minutes de marche du domicile familial de Beyrouth. C’était la vie qui m’intéressait, bien plus que les histoires macabres de massacres et de mort.

Devant les réactions plus que décevantes de quelques rédacteurs en chefs et éditeurs7, j’ai décidé de suivre mon cœur et d’en faire deux ouvrages sans support d’une maison d’édition établie. C’est un projet qui m’a pris plus de quinze ans.

J’ai fait une vingtaine d’expositions depuis l’an 2000 et j’ai continué avec mes photos commerciales et petits reportages magazine. Le projet Kaleidos est lentement passé au deuxième plan, voire troisième. Quelque soubresauts pourtant : Hervé Merliac et moi reprenons contact, on s’invite à nos mariages respectifs, on reparle de la banque d’image, il promet d’y mettre son stock d’images et on commence par un beau sujet sur l’Ayahuasca et une belle publication dans le Monde 2.

Puis il y a la vie

Je m’investis dans un superbe projet, non-photographique, autour du beurre de karité. Hervé meurt d’un cancer. Je participe dans un projet de think tank prospectiviste autour de l’Afrique.

Les choses s’enchaînent. Covid. Divorce. AVC. Tumeur..

Je suis hors service. Pendant plus de trois ans. Je récupère, je rechute. Des hauts et des bas. Puis tout un coup, il y a comme un déclic. Une urgence qui me ramène en 1993.

Je me revois avec Hervé à discuter de nos envies profondes autour de la photo. Et décide donc de me retrousser les manches…

Et puis vous voilà…

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1 Hervé Merliac (1958-2018)

Reporter photographe ayant notament travaillé pour l’agence Associated Press entre autres.

2 https://en.wikipedia.org/wiki/Photo_CD

3 https://fr.wikipedia.org/wiki/CompuServe
https://www.compuserve.com

4 Bulletin Board Systems, les ancêtres des réseaux sociaux – sans photos, sans son et sans vidéo. Que du texte. Il fallait appeler un serveur spécifique, via un modem, se connecter puis lire et laisser des messages. Parfois on pouvait converser avec des correspondants en direct, mais, étant donné que c’était des appels téléphoniques qu’on payait à la minute, ça devenait très vite très cher.

Pour Compuserve il fallait appeler les États-unis… je vous laisse imaginer.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bulletin_board_system

5 World Wide Web – la toile telle qu’on la connaît aujourd’hui. À l’époque nos étions encore au WWW 1.0, la bande passante était extrêmement faible et il n’y avait pas autant de photos/vidéos/musique qu’aujourd’hui. S’il y en avait, c’était en basse, voire très basse, résolution. Nous étions encore dépendants des modems qui avaient une vitesse maximale théorique de 7 kilo octets par seconde. Pour comparaison une liaison ADSL a une vitesse théorique entre 8 et 12 Méga octets et une liaison fibre atteint entre 100 et 600 Méga octets par seconde… Les choses vont des dizaines de milliers fois plus vite aujourd’hui.

https://fr.wikipedia.org/wiki/World_Wide_Web

6 Dans le désordre : Désirée Sadek, Philippe Guéry, Bernard Ouillet, Laurent Abad…

7 Parmi les plus croustillants : « La vie des palestiniens, ça n’intéresse personne », « le quotidien des réfugiés, ça ne fait pas vendre », « Ah, mais… si vous aviez fait un sujet sur les terroristes palestiniens, ça se vendrait par dizaines de milliers d’exemplaires ». Je tairais les noms de ces gens et sociétés aux valeurs douteuses…