Ayahuasca, la liane de l’Âme
L’Ayahuasca, aussi appelée Yagé ou Caapi, est une boisson hallucinogène originaire du bassin Amazonien, issue de la décoction de deux plantes aux principes actifs complémentaires : la liane Banisteriopsis Caapi, et les feuilles d’un arbuste de la famille du caféier, Psychotria Véridis.L’usage de cette boisson est associé aux pratiques chamaniques des Indiens qui l’utilisent à des fins magico-médicales depuis une époque antérieure aux conquêtes espagnoles et portugaises.
Sa composition exacte ainsi que ses principes psycho actif sont restés une énigme pour les chercheurs pendant des décennies, tour à tour baptisé télépathine, puis banistérine, l’alcaloïde responsable des visions que procure l’Ayahuasca, est aujourd’hui identifié sous le nom barbare de Dimethyl tryptamine (DMT), une molécule qui s’apparente à la sérotonine, l’un des principaux neurotransmetteurs du système nerveux central humain, et qui en s’y substituant produit des « hallucinations » brillantes. Cependant, le DMT est inactif par ingestion, car il est détruit au cours du transfert intestinal par l’action d’une enzyme appelée monoamine oxydase (MAO).
Les indiens ont surmonté ce problème, en associant dans leurs recettes, la feuille de psychotria véridis, riche en DMT à la liane Banisteriopsis Caapi qui contient Harmines et Harmaline, de puissants principes inhibiteurs de MAOs. La découverte de ces enzymes et de leurs inhibiteurs (IMAOs) dans les années 50 a permis à la médecine occidentale d’élaborer de nouvelles classes d’antidépresseurs. La boisson hallucinogène et la liane portent le même nom: Ayahuasca, liane de l’Âme ou liane des morts en langue Quechua, car c’est elle qui dans la tradition, prodigue son enseignement à celui qui la consomme, en rendant visible à ses yeux un monde caché mais indissociable du monde matériel, un « espace parallèle » dans lequel, le Chamane Ayahuasquero peut agir de façon tangible sur le réel; qu’il soit question de guérison, de recherche de bétail égaré, de guerres ou autres buts pragmatiques.
L’intérêt croissant que manifestent les laboratoires pharmaceutiques et autres industriels pour les ressources que renferme la forêt Amazonienne, suscite une guerre de brevets sur les plantes et leurs usages, dont sont le plus souvent exclus les peuples qui l’habitent. Une bataille juridique opposait récemment devant le tribunal de commerce de Washington, aux Etats-Unis, des tribus Amérindiennes pour qui l’Ayahuasca est une plante sacrée, à M. Loren Miller, directeur d’un laboratoire privé, qui avait déposé un brevet sur la plante et les droits pour son exploitation, les représentants des Amérindiens venus à Washington pour demander le retrait du brevet, ont obtenu gain de cause.
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*Ayahuasca signifie en Quechua: Liane des morts, ou Liane de l’âme.
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