Le 16 septembre 2025 marquera le 43e anniversaire des massacres de Sabra et Chatila. Quarante-trois années où l’histoire semble figée dans un éternel recommencement : les Palestiniens demeurent réfugiés, sans terre, sans État, sans perspective de retour.
Depuis 1948, soit 77 ans maintenant, des générations entières de Palestiniens ont vu le jour, grandi et vieilli dans l’exil forcé. Ce qui devait être temporaire s’est mué en condition permanente, créant l’une des plus longues crises de réfugiés de l’histoire moderne.
En septembre 1982, pendant trois jours, des milices dites « chrétiennes » soutenues par l’armée israélienne ont massacré la population civile des camps de Sabra et Chatila. Entre 1 500 et 3 500 victimes selon les estimations. Puis, de 1985 à 1988, ce fut la « guerre des camps ». Aujourd’hui encore, les survivants et leurs descendants vivent confinés dans l’ombre.
Pourtant, dans cette ombre persistante de Chatila, la vie continue de pulser avec une obstination remarquable. Des enfants naissent et grandissent, se scolarisent, font leurs devoirs comme tous les enfants du monde et se projettent vers l’avenir malgré un horizon plombé par les ruines. Les jeunes recherchent du travail, se forment, s’organisent, accomplissent des « petits boulots » malgré leur carte de réfugié qui leur interdit d’exercer plus de soixante-dix métiers au Liban et rend les voyages quasi impossibles. Les couples s’aiment, fondent des familles qu’ils éduquent et scolarisent. Les anciens méditent leur histoire, comparent les jours actuels à ceux d’avant leur déportation.
77 ans d’exil : L’échec de la communauté internationale
Aucune solution durable n’a été trouvée au sort des Palestiniens depuis leur exode de 1948. Les résolutions de l’ONU restent lettre morte, les accords de paix s’enlisent, les négociations échouent. Pendant ce temps, les camps de réfugiés se transforment en villes de béton surpeuplées, les droits fondamentaux restent bafoués, et l’espoir d’un retour s’amenuise.
Cette situation interpelle la conscience internationale. Comment accepter qu’au XXIe siècle, des millions de personnes demeurent apatrides, privées de leurs droits les plus élémentaires ? Comment tolérer que des enfants naissent réfugiés dans des camps où leurs grands-parents ont déjà vécu toute leur existence ?
Le travail photographique présenté ici, fruit de quinze années d’immersion, témoigne de cette vie de réfugiés palestiniens qui résistent à l’oubli. Il donne des noms et des visages à une population trop souvent réduite à des statistiques stériles dans les médias. Plus qu’un simple témoignage, c’est un cri d’alarme face à l’indifférence d’une « civilisation » qui a abandonné ces êtres humains depuis des décennies.
En cette 43e commémoration des massacres de Sabra et Chatila, il est urgent de rappeler que derrière les chiffres et les enjeux géopolitiques se cachent des destins humains, des vies brisées mais pas résignées, des espoirs qui refusent de s’éteindre. La question palestinienne ne peut plus être reléguée au second plan. Elle exige une réponse à la hauteur de l’injustice qu’elle représente.
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Tarek Charara
Faire proposition de publication
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La littérature autour du sujet est vaste et extensive. J’ai fait de mon mieux pour faire une synthèse de l’histoire des réfugiés palestiniens jusqu’aux aux massacres et la guerre des camps dans mon ouvrage « à l’ombre de Chatila », disponible sur ce site.
Texte et images © Tarek Charara/Kaleidos images.
Tous droits réservés.
Le joueur de « Oud »
Chatila, Camp des « Nouriyé » (Tsiganes). Un joueur de « Oud » (luth oriental) donne un concert gratuit à quelques enfants du camp. Les habitations faits de tôle ondulée, bouts de bois et bâches en plastique sont propres à l’intérieur.
Enfants
Chatila, camp de l’UNRWA. Garçons dans les ruelles du camp. Combien de doigts jusqu’à la victoire ?
Pour la paix
Beyrouth, Liban. Centre de l’UNESCO. Les enfants de Chatila, la keffieh palestinienne, manifestent parmi d’autres gens contre la guerre qui se prépare contre l’Irak. L’un des garçons porte le portrait du président Arafat.
6:15
Chatila, camp de l’UNRWA. Avec la famille Hindawi (ou Al Hindawi). Mona et Jamal Hindawi sont originaires de Haïfa. Jamal est polisseur de marbre de formation, souvent au chômage. Mona est femme au foyer et s’occupe des 6 enfants de la maison. Il est 6:15, Jihad et Nidal Al Hindawi se préparent pour aller à l’école. Leur petite sœur, Farah, est encore endormie.
Les anciens
Beyrouth, Liban. Sabra. Les hommes seniors se retrouvent parfois dans un café pour fumer le narguilé. Ici au café «Abou Nader Al Salhan» à Sabra.
Jamal au réveil
Chatila, camp de l’UNRWA. Avec la famille Hindawi (ou Al Hindawi). Mona et Jamal Hindawi sont originaires de Haïfa. Jamal est polisseur de marbre de formation, souvent au chômage. Mona est femme au foyer et s’occupe des 6 enfants de la maison. Jamal Al Hindawi au réveil. Café (turc) et première cigarette. La télé est déjà allumée. Pendant que Mona accompagne les garçons à l’école, Jamal veille sur Farah et Hanan.
Devoirs
Chatila, camp de l’UNRWA. Avec la famille Hindawi (ou Al Hindawi). Mona et Jamal Hindawi sont originaires de Haïfa. Jamal est polisseur de marbre de formation, souvent au chômage. Mona est femme au foyer et s’occupe des 6 enfants de la maison. Tous les soirs, Mona Al Hindawi aide les enfants à faire leurs devoirs.
Devoirs
Chatila, camp de l’UNRWA. Avec la famille Hindawi (ou Al Hindawi). Mona et Jamal Hindawi sont originaires de Haïfa. Jamal est polisseur de marbre de formation, souvent au chômage. Mona est femme au foyer et s’occupe des six enfants de la maison. Ilham et Ahmad al Hindawi font leurs devoirs. Ahmad qui est en 5e au collège «Ariha» (Jericho), veut devenir avocat pour son pays. Il sait que c’est un rêve et qu’au Liban il ne pourra pas exercer ce métier.
Nettoyage
Chatila, camp de l’UNRWA. Nettoyage du camp effectué par un service de l’UNRWA. Toutes les grandes artères du camp sont nettoyées quotidiennement, tandis que les ruelles plus petites ne le sont que tous les deux jours.
Le dentiste
Chatila, camp de l’UNRWA. Beit Atfal Assoumoud. Beit Atfal Assoumoud est une ONG humanitaire et non-sectaire créée en 1976 après le massacre de Tal al Zaatar. Elle a pour vocation de fournir des services aux réfugiés Palestiniens au Liban et autres personnes désavantagés vivant dans ou près des camps. Le centre de Chatila a un jardin d’enfants et un dispensaire. Le Dr. Ahmad Abou Rayya, Dentiste du centre, soigne Tarek, un élève du jardin d’enfants.
Vente d’oiseaux
Chatila, proche de la cité sportive. Un syrien d’origine palestinienne survit grâce à la vente d’oiseaux capturés dans la nature.
Prise de sang
Chatila, camp de l’UNRWA. Le dispensaire du PRCS (Palestinian Red Crescent Society – le croissant rouge palestinien) de Chatila traite tous les patients de jour indifféremment de leurs nationalités. Ici le patient est traité pour des sommes symboliques de un à deux dollars américains – les vaccinations sont gratuites. Les cas plus graves sont envoyés aux hôpitaux du PRCS aux alentours, surtout à celui du camp « Bourj al-Barajneh ». La prise de sang.
Bonnes notes
Chatila, camp de l’UNRWA. Avec la famille Hindawi (ou Al Hindawi). Mona et Jamal Hindawi sont originaires de Haïfa. Jamal est polisseur de marbre de formation, souvent au chômage. Mona est femme au foyer et s’occupe des 6 enfants de la maison. L’après-midi Jihad et Nidal sont de retour de l’école. En attendant leur goûter, ils regardent un peu la télévision en companie de leurs parents. Mona regarde les buletins scolaires trimestriels, Jihad et Nidal sont parmi les meilleurs de leur classe.
Déjeuner
Chatila, camp de l’UNRWA. La famille Al Hindawi déjeune. De gauche à droite: Ahmad, le neveu orphelin de Jamal, Jihad et Nidal, Jamal, les soeurs jumelles Farah et Hanan et tout à droite leur mère Mona. Jamal est polisseur de marbre et a un petit magasin d’alimentation en bas de sa maison. Mona n’a pas de travail et s’occupe de la maison.
Mohammed Shawqat Abou Roudaina
Chatila, camp de l’UNRWA. Mohammed Shawqat Abou Roudaina, à l’âge de 28 ans. Il a été témoin, à l’âge de cinq ans, du massacre de son père, de sa sœur enceinte, son beau-frère, ainsi que trois autres membres de sa famille. Il a fallu 22 ans à Mohammed pour dépasser ses traumatismes et reprendre un peu goût à la vie et de décider de passer son baccalauréat et de faire des études. Ici on voit Mohammed devant sa maison.
Le dentiste
Chatila, camp de l’UNRWA. Beit Atfal Assoumoud. Beit Atfal Assoumoud est une ONG humanitaire et non-sectaire créée en 1976 après le massacre de Tal al Zaatar. Elle a pour vocation de fournir des services aux réfugiés Palestiniens au Liban et autres personnes désavantagés vivant dans ou près des camps. Le centre de Chatila a un jardin d’enfants et un dispensaire. Le Dr. Ahmad Abou Rayya, Dentiste du centre, soigne Tarek, un élève du jardin d’enfants.
Beit Atfal Assoumoud
Chatila, camp de l’UNRWA. Beit Atfal al Soumoud. Beit Atfal Assoumoud est une ONG humanitaire et non-sectaire créée en 1976 après le massacre de Tal al Zaatar. Elle a pour vocation de fournir des services aux réfugiés Palestiniens au Liban et autres personnes désavantagés vivant dans ou près des camps. Le centre de Chatila a un jardin d’enfants et un dispensaire. Les enfants attendent leur tour pour aller chez le dentiste du centre, le Dr. Ahmad Abou Rayya.
Oumm Ali
Chatila, camp des réfugiés. Samiha Abbas Hijazi, dit « Oumm Ali », une libanaise originaire du sud et mariée à un palestinien, a perdu son mari pendant les massacres de «Tal-el-Zaatar» en 1976. En 1982, lors des massacres de Sabra et Chatila, elle perd sa fille Zeinab, 17 ans et jeune mariée et son gendre. Son fils Ali, 10 ans, sera tué lors de la guerre de camps quelques années plus tard (1985-1987). La douleur et les larmes surgissent chaque fois qu’elle évoque ses souvenirs, même 30 ans après. Aujourd’hui « Oumm Ali » vit vit dans une pièce située à quelques dizaines de mètres du camp de l’UNRWA. Il n’y a ni toilettes, ni cuisine. Elle travaille comme femme de ménage dans une maternelle, dans laquelle elle tient aussi un petit commerce de sucreries pour les enfants. Ses deux activités lui rapportent 140 dollars par mois. Son loyer est de 65 dollars par mois. Ici elle prépare un café turc sur un réchaud à gaz, Sa petite fille, Aya, et une amie la regardent faire à travers la porte d’entrée. Aya vit avec sa mère à l’étranger.
Jeux
Chatila, camp de l’UNRWA. Après ou avant l’école, les garçons se retrouvent dans les multiples salles de jeux à l’intérieur du camp. L’école «Ramallah» pour garçons devient l’école «Hama» pour filles l’après-midi. Chaque mois l’ordre est changé… Ici, les garçons jouent au billard dans une des salle de jeux.
Jardin d’enfant
Chatila, camp de l’UNRWA. Beit Atfal Assoumoud. Le jardin d’enfants. Beit Atfal Assoumoud est une ONG humanitaire et non-sectaire créée en 1976 après le massacre de Tal al Zaatar. Elle a pour vocation de fournir des services aux réfugiés Palestiniens au Liban et autres personnes désavantagés vivant dans ou près des camps.
Dispensaire
Chatila, camp de l’UNRWA. Le Dr. Saleh Maalouf, responsable du dispensaire du PRCS (Palestinian Red Crescent Society – le croissant rouge palestinien) accueille des patients. Le dispensaire de Chatila traite tous les patients de jour indifféremment de leurs nationalités. Ici le patient est traité pour des sommes symboliques de un à deux dollars américains – les vaccinations sont gratuites. Les cas plus graves sont envoyés aux hôpitaux du PRCS aux alentours, surtout à celui du camp « Bourj al-Barajneh ». La prise de sang.
Ruelles de Chatila
Chatila, camp de l’UNRWA. Dans les rues du camp de Chatila, devant le domicile de la famille Al Hindawi. Début de soirée.
Jeux
Chatila, camp de l’UNRWA. Après ou avant l’école, les garçons se retrouvent dans les multiples salles de jeux à l’intérieur du camp. L’école «Ramallah» pour garçons devient l’école «Hama» pour filles l’après-midi. Chaque mois l’ordre est changé… Ici, les garçons jouent au baby-foot dans une des salle de jeux.
Chatila, camp des « Nourié » (Tsiganes)
Chatila, camp des «Nourieh» (Tsiganes) dans le «Hayy el Gharbi», en contre-bas de la cité sportive. Les habitations sont faits avec de la tôle ondulée, des bouts de bois et des bâches en plastique. Parfois c’est un vieux canapé qui maintient le toit improvisé, mais le plus souvent ce sont de vieux pneus qui font office de poids.
Chercher l’eau
Chatila. Camp des «Nouriyé», des Tsiganes. Ici, il n’y a pas d’eau courante, il faut aller la chercher par bidons…
Enseignement
Chatila, camp de l’UNRWA. Avec la famille Hindawi (ou Al Hindawi). Mona et Jamal Hindawi sont originaires de Haïfa. Jamal est polisseur de marbre de formation, souvent au chômage. Mona est femme au foyer et s’occupe des six enfants de la maison. Il y a trois ans, Jamal al Hindawi s’est interessé aux ordinateurs. Depuis, il a monté deux ordinateurs avec des pièces détachés de deuxième ou troisième main, a appris l’informatique en autodidacte et s’est donné comme mission de familiariser les enfants des primaires avec cet outil de l’avenir. Avec beaucoup de patience, Jamal Al Hindawi donne gratuitement des cours d’une heure dans l’une des écoles de l’UNRWA.
La route qui mène au camp de l’UNRWA
Chatila. L’entrée du camp est bordée par des marchands en tout genre. Ici tout se vend: Les fripes en passant par les contrefaçons et le matériel éléctronique de 4e ou 5e main. Les copies pirates des derniers disques à la mode cotoient les copies tout aussi pirates des derniers films – y compris les films pornos.
3e génération
Chatila, camp de l’UNRWA. Youssef Majzoub et sa petite fille Roseanne. Youssef est né en Palestine et Roseanne au camp de Chatila.
Les enfants aident
Chatila, UNRWA camp. Une petite fille égalise la dalle de béton fraîchement coulée devant sa maison.
Après-midi
Chatila, camp de l’UNRWA. Avec la famille Hindawi (ou Al Hindawi). Mona et Jamal Hindawi sont originaires de Haïfa. Jamal est polisseur de marbre de formation, souvent au chômage. Mona est femme au foyer et s’occupe des 6 enfants de la maison. Tous les soirs, Mona Al Hindawi aide les enfants à faire leurs devoirs.
Déjeuner
Chatila, camp de l’UNRWA. Avec la famille Hindawi (ou Al Hindawi). Mona et Jamal Hindawi sont originaires de Haïfa. Jamal est polisseur de marbre de formation, souvent au chômage. Mona est femme au foyer et s’occupe des 6 enfants de la maison. 15:20. Le déjeuner de la famille Al Hindawi sur le sol du salon. De gauche à droite: Ahmed, Mona, Farah, Ilham et Jamal. Ahmed et Ilham sont les enfants du frère de Jamal. Leur mère est morte jeune et leur père est mort d’un accident de travail. Mona et Jamal les ont naturellement adoptés.
Jeux d’enfants
Chatila, camp de l’UNRWA. Beit Atfal Assoumoud. Le jardin d’enfants, deux petites filles s’amusent avec leur maîtresse, Mme Maryam Shamieh. Beit Atfal Assoumoud est une ONG humanitaire et non-sectaire créée en 1976 après le massacre de Tal al Zaatar. Elle a pour vocation de fournir des services aux réfugiés Palestiniens au Liban et autres personnes désavantagés vivant dans ou près des camps.
Oumm Ali
Chatila, camp des réfugiés. Samiha Abbas Hijazi, dit « Oumm Ali », une libanaise originaire du sud et mariée à un palestinien, a perdu son mari pendant les massacres de «Tal-el-Zaatar» en 1976. En 1982, lors des massacres de Sabra et Chatila, elle perd sa fille Zeinab, 17 ans et jeune mariée et son gendre. Son fils Ali, 10 ans, sera tué lors de la guerre de camps quelques années plus tard (1985-1987). La douleur et les larmes surgissent chaque fois qu’elle évoque ses souvenirs, même 30 ans après. Aujourd’hui « Oumm Ali » vit vit dans une pièce située à quelques dizaines de mètres du camp de l’UNRWA. Il n’y a ni toilettes, ni cuisine. Elle travaille comme femme de ménage dans une maternelle, dans laquelle elle tient aussi un petit commerce de sucreries pour les enfants. Ses deux activités lui rapportent 140 dollars par mois. Son loyer est de 65 dollars par mois. Ici elle est avec sa petite fille, Aya. Aya vit avec sa mère à l’étranger.
Chatila, le camp de l’UNRWA
Chatila. Le camp de l’UNRWA est construit « en dur » sur 40 000m2. Faute de place, les constructions atteignent les 6 étages. Au premier plan le bidon-ville du camp des « Nouriyé » (Tsiganes).
Le dentiste
Chatila, camp de l’UNRWA. Beit Atfal Assoumoud. Beit Atfal Assoumoud est une ONG humanitaire et non-sectaire créée en 1976 après le massacre de Tal al Zaatar. Elle a pour vocation de fournir des services aux réfugiés Palestiniens au Liban et autres personnes désavantagés vivant dans ou près des camps. Le centre de Chatila a un jardin d’enfants et un dispensaire. Le Dr. Ahmad Abou Rayya, Dentiste du centre, soigne Tarek, un élève du jardin d’enfants.
Mohammed Shawqat Abou Roudaina
Chatila, camp de l’UNRWA. Mohammed Shawqat Abou Roudaina, à l’âge de 28 ans. Il a été témoin, à l’âge de cinq ans, du massacre de son père, de sa sœur enceinte, son beau-frère, ainsi que trois autres membres de sa famille. Il a fallu 28 ans à Mohammed pour reprendre un peu goût à la vie et de décider de passer son baccalauréat et de faire des études. Ici Mohammed nous montre le document de La Croix-Rouge attestant de la mort de son père lors des massacres de Sabra et Chatila en 1982.
Oumm Ali
Chatila, camp des réfugiés. Samiha Abbas Hijazi, dit « Oumm Ali », une libanaise originaire du sud et mariée à un palestinien, a perdu son mari pendant les massacres de «Tal-el-Zaatar» en 1976. En 1982, lors des massacres de Sabra et Chatila, elle perd sa fille Zeinab, 17 ans et jeune mariée et son gendre. Son fils Ali, 10 ans, sera tué lors de la guerre de camps quelques années plus tard (1985-1987). La douleur et les larmes surgissent chaque fois qu’elle évoque ses souvenirs, même 30 ans après. Ce sont Ali et Zeinab sur ces photos. Aujourd’hui « Oumm Ali » vit vit dans une pièce située à quelques dizaines de mètres du camp de l’UNRWA. Il n’y a ni toilettes, ni cuisine. Elle travaille comme femme de ménage dans une maternelle, dans laquelle elle tient aussi un petit commerce de sucreries pour les enfants. Ses deux activités lui rapportent 140 dollars par mois. Son loyer est de 65 dollars par mois.
Le joueur de « Oud »
Chatila, Camp des « Nouriyé » (Tsiganes). Un joueur de « Oud » (luth oriental) donne un concert gratuit à quelques enfants du camp. Les habitations faits de tôle ondulée, bouts de bois et bâches en plastique sont propres à l’intérieur.
Jardin d’enfant
Chatila, camp de l’UNRWA. Beit Atfal Assoumoud. Le jardin d’enfants. Beit Atfal Assoumoud est une ONG humanitaire et non-sectaire créée en 1976 après le massacre de Tal al Zaatar. Elle a pour vocation de fournir des services aux réfugiés Palestiniens au Liban et autres personnes désavantagés vivant dans ou près des camps.
Enseignement
Chatila, camp de l’UNRWA. Avec la famille Hindawi (ou Al Hindawi). Mona et Jamal Hindawi sont originaires de Haïfa. Jamal est polisseur de marbre de formation, souvent au chômage. Mona est femme au foyer et s’occupe des six enfants de la maison. Il y a trois ans, Jamal al Hindawi s’est interessé aux ordinateurs. Depuis, il a monté deux ordinateurs avec des pièces détachés de deuxième ou troisième main, a appris l’informatique en autodidacte et s’est donné comme mission de familiariser les enfants des primaires avec cet outil de l’avenir.